Un conte musical en déambulation, La Princesse Méline. A l’occasion du festival « Contes au Jardin » autour des contes de la Méditerranée, en collaboration avec les compagnies Murmures de Cailloux et Trafic d’Arts II.
Comédiennes-conteuses : Henriette Nhung Pertus, Morgane Neplaz
Musicienne et compositrice : Morgane Neplaz
La princesse Méline,
un conte des frères Grimm
Il était une fois un roi.
Le fils de celui ci a demandé la main de la fille d’un roi puissant. Elle s’appelle Méline et elle est très belle, mais son père a refusé la demande du prince. Or, les deux jeunes gens s’aiment d’un amour tendre. « Je ne veux que lui, je n’en épouserai aucun autre ! » Le père de fâche et fait construire une tour à l’intérieur de laquelle pas un seul rayon de soleil ni la lueur de la lune ne peuvent passer. « Tu seras enfermée ici pendant sept ans, ensuite je viendrai voir si ton entêtement et ton obstination ont été brisés.
On apporte dans la tour à boire et à manger pour sept ans et Méline et sa femme de chambre y sont emmurées. Le prince vient souvent près de la tour et appelle Méline par son nom mais le mur épais ne laisse pas passer sa voix.
Et le temps passe. La nourriture dont elles disposent a beaucoup diminué, et les deux femmes devinent que les sept années touchent à leur fin, mais aucun bruit ne leur parvient de l’extérieur.
Méline – « Il n’y a pas d’autre moyen, il faut tenter percer le mur »
Elles prennent le couteau à pain et commencent à gratter le mur pour essayer de dégager les pierres. Au bout de trois jours, elles perçoivent le premier rayon du soleil. Le ciel est d’un bleu magnifique mais quel spectacle s’offre à leurs yeux ! Du palais il ne reste que des ruines, la ville et les villages alentours sont brûlés, les champs sont en friche. On ne voit pas âme qui vive. Et maintenant que faire ?
Elles se mettent à marcher au hasard, pour trouver un autre pays, mais elles ne trouvent ni un toit pour se réfugier, ni une seule personne qui leur tende un bout de pain. Tout va si mal qu’elles finissent par arracher des orties pour se nourrir.
Après une longue marche elles finissent par arriver dans un autre royaume. Elles proposent leurs services partout mais personne n’en veut et personne n’a pitié d’elles. Finalement elles arrivent dans une grande ville et se dirigent vers le Palais Royal où un cuisinier leur permet de rester pour l’aider.
Le fils du roi de ce royaume est justement le prince qui, autrefois, avait demandé la main de Méline. Son père lui a choisi une fiancée laide et au cœur dur. Le mariage approche inexorablement, la fiancée est déjà là, mais à cause de sa laideur, elle ne s’est jamais montrée. Elle s’est enfermée dans sa chambre et Méline lui porte à manger.
Le jour des noces est arrivé, la mariée doit accompagner son futur époux à l’église. Consciente de sa laideur, elle a honte de montrer en public. Elle dit alors à Méline : c’est ton jour de chance ! Je me suis tordu le pied et comme je ne peux pas très bien marcher, tu mettras ma robe et tu me remplaceras au mariage.
« – Je ne veux pas être honorée par ce qui ne m’est pas dû de bon droit.
– je te donnerai de l’or…
*Méline fait la tête*
– si tu ne m’obéis pas, tu le paieras de ta vie ! »
Méline est forcée d’obéir. Elle se vêtit de la magnifique robe de mariée et se pare de ses bijoux. Lorsqu’elle entre dans la salle royale, tout le monde est frappé par sa beauté. Le marié est stupéfait : « c’est le portrait même de Méline ! Si je ne savais pas ma bien aimée enfermée depuis des années dans sa tour, je croirai ma foi, que je l’ai devant moi. »
Il offre son bras à la mariée et la conduit à l’église. Des orties poussent près de la route et Méline leur dit : » ortie, petite plante gracieuse, tu m’as l’air bien soucieuse ! Ne t’inquiète pas, je n’ai pas oublié le temps du chagrin refoulé. Le temps où tu fus ma seule pitance, peu douce et crue, mais en abondance.
« – qu’est-ce que tu dis ?
– rien je pensais juste à la princesse Méline. »
Le marié est surpris que sa fiancée connaisse la princesse Méline.
Ils passent la porte du cimetière. En arrivant près devant l’escalier de l’église, Méline dit :
« – Supportez moi, les marches, souffrez que je vous emprunte. De la mariée qui n’en est pas une, écoutez la complainte.
– Que dis-tu ?
– Rien, je pensais seulement à la princesse Méline.
– La connais tu ?
– Non, j’ai seulement entendu parler d’elle. »
Ils s’arrêtent devant la porte de l’église et Méline dit :
« – O toi, la grande porte, que je passe supporte. De la mariée qui n’en est pas une, écoute la demande infime.
– Et maintenant qu’est-ce que tu viens de dire ?
– Oh je pensais encore à Méline. »
Le marié prend un collier et le lui met autour du cou. Ils entrent dans l’église et le prêtre les marie.
*Méline rentre au palais, enlève la robe et les bijoux sauf le collier offert par le prince, et s’éloigne de la chambre*
La nuit tombe et la véritable mariée doit être conduite dans la chambre du prince. Elle cache sa laideur sous un voile pour que le prince ne s’aperçoive pas de la supercherie. Le prince lui demande :
« – Qu’as-tu dit aux orties près de la route ?
– Quelles orties ? Je ne parle pas aux orties !
– Si tu ne leur as pas parlé, tu n’es pas la vraie mariée.
– Attends ! Ma femme de chambre j’appelle car dans mes pensées lit-elle. »
*elle sort et se dirige vers Méline*
« – servante, qu’as-tu dit aux orties près de la route ?
– Je n’ai dit que cela : ortie, petite plante gracieuse, tu m’as l’air bien soucieuse. N’aie crainte, je n’ai pas oublié le temps du chagrin refoulé. Le temps où tu fus ma seule pitance, peu douce et crue, mais en abondance.
*la mariée retourne dans la chambre*
« – Ça y est, je sais ce que j’ai dit aux orties ! Et elle répéta les paroles qu’elle venait d’entendre.
– Et qu’as-tu dit aux marches de l’église ?
– Aux marches de l’église ? Mais je ne parle pas aux marches !
– Tu n’es donc pas la vraie mariée.
– Attends ! ma femme de chambre j’appelle car dans mes pensées lit-elle. »
« – Servante, qu’as-tu dit aux marches devant l’église ?
– Je leur ai dit simplement : supportez moi les marches, souffrez que je vous emprunte. De la mariée qui n’en est pas une, écoutez la complainte.
– Cela te coûtera la vie ! »
« – Ça y est, je sais ce que j’ai dit à l’escalier ! Et elle répète ce que la jeune fille lui a dit.
– Et qu’as-tu dit à la porte de l’église ?
– A la porte de l’église ? Je ne parle pas aux portes.
– Tu n’es donc pas la vraie mariée.
– Attends ! Ma femme de chambre j’appelle car dans mes pensées lit-elle. »
« – Servante ! Qu’avais-tu à raconter à la porte de l’église ?
– Je ne lui ai rien raconté. J’ai dit seulement : ô toi, la grande porte, que je passe supporte. De la mariée qui n’en est pas une, écoute la demande infime.
– Tu me le paiera, tu auras la tête coupée ! »
« – Ça y est, je sais ce que j’ai dit à la porte de l’église. Et elle répète les paroles de Méline.
– Où est le collier que je t’ai donné ?
– Quel collier ? Tu ne m’as pas donné de collier…
– Je te l’ai moi-même passé autour du cou. Si tu ne le sais pas, tu n’es pas la vraie mariée. »
Il lui arracha son voile et vit son visage effroyablement laid.
« – Comment es-tu arrivée là ? Qui es-tu ?
– Je suis ta fiancée promise, mais j’avais peur que les gens se moquent de moi en me voyant dans la rue. C’est pourquoi j’ai demandé à la petite souillon de mettre ma robe et d’aller à l’église à ma place.
– Où est cette fille ? Je veux la voir, va la chercher ! »
En sortant de la chambre, elle dit aux serviteurs que sa femme de chambre doit avoir immédiatement la tête tranchée. Les serviteurs attrapent Méline et veulent l’emmener. *cri* Le prince entend sa voix et ordonne qu’on la relâche sur le champs. Il voit qu’elle porte autour du cou le collier qu’il lui a donné.
« – c’est toi la vraie mariée, c’est toi que j’ai amené devant l’autel. Tu as parlé de la princesse Méline a qui j’ai été fiancé. Tu lui ressembles tant !
– Je suis Méline. Celle qui, par amour pour toi fut enfermée sept ans dans un cachot obscur. Celle qui a souffert de faim, de soif, et qui a vécu si longtemps dans la misère. Mais aujourd’hui le soleil brille de nouveau pour nous. On nous a marié à l’église et je suis ta femme légitime. »
Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.